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En 1416 le dominicain Vincent Ferrier se trouve à Perpignan à l’occasion de la rencontre du pape Benoît XIII avec l’empereur du Saint Empire Germanique, Sigismond et le roi d’Aragon. C’est en effet dans la ville de Perpignan que des négociations conduites sous l’impulsion de Vincent Ferrier doivent amener le pape Benoît XIII à abdiquer.  Ces pourparlers n’aboutiront malheureusement pas.  

Vincent Ferrier saisit l’opportunité qui lui est offerte pour prêcher dans les couvents et sur la grande place de la cathédrale où s’assemblent pour l’écouter les foules de Perpignanais.

Au XVe siècle la peste est endémique. Démunis, craignant pour leur propre vie, les médecins ne soignent plus les malades, abandonnés sur leur lit de mort. Les cercueils ne sont plus mis en terre, très peu de prêtres accompagnent les morts à leur dernière demeure.

Face à ce désastre, Vincent Ferrier exhorte les habitants de la ville à se convertir et à faire preuve de charité chrétienne.

Sa prédication porte des fruits : le 11 octobre 1416 des laïcs fondent la Confrérie de la Sanch, en mémoire du sang versé par le Christ lors de sa Passion. Approuvée par l’évêque d’Elne, la Sanch sera agrégée à la grande Confrérie de Saint Marcel à Rome le 22 avril 1588.

L’église Saint-Jacques a toujours été le siège de la confrérie de la Sanch. Celle-ci dispose d’une superbe chapelle que la Mairie de Perpignan vient de restaurer.

Le retable rutilant d’or et de marbre rouge sang sert de magnifique écrin pour un Christ en croix abrité dans une niche sur fond de la ville de Jérusalem. A ses pieds deux personnages : la Vierge Marie et Saint Jean.

C’est de cette église que partent chaque Vendredi Saint sept cents pénitents portant les lourds misteris, ces représentations sculptées des scènes de la Passion du Christ. Dans un grand silence, entourés d’une foule nombreuse, ces hommes et ces femmes descendent le long des rues de Perpignan pour venir se recueillir devant le Dévot Christ exposé aux portes de la Cathédrale.

On reconnaît Jésus au mont des Oliviers, Véronique et son voile, Jésus portant sa croix, Marie Madeleine au pied de la croix, Marie sa mère toute habillée de noir, son cœur d’argent transpercé de sept glaives, et encore les soldats donnant des coups de fouet à Jésus.

Ce cortège reprend ensuite sa lente procession à travers les ruelles du centre-ville, passant sous la porte de Notre Dame du Castillet puis remontant en direction de l’église de Saint-Matthieu où les pénitents en rouge ou noir vont se recueillir devant le reliquaire des saintes Epines.

Ils passent alors devant l’église de La Réal où est conservée l’image de Notre Dame de la Soledad. Enfin c’est le retour, toujours dans un silence impressionnant, à l’église Saint-Jacques siège de la Confrérie.

Cette année 2020, les rues de la ville ne résonneront pas du son de la cloche du Régidor et nous n’entendrons pas les cantiques égrainés par les hauts-parleurs.

Perpignan se fige dans un silence inimaginable en un Vendredi Saint.

Nous vous proposons de revoir une vidéo de la Procession de la Sanch des années précédentes : 

La Sanch (crédit photo : mairie de Perpignan) :