Mercredi 4 mars, plus de quatre-vingt-dix personnes se sont rendues à l’église Notre-Dame la Réal pour découvrir ou redécouvrir l’histoire de l’édifice et les chefs-d’œuvre qu’il recèle.
C’est le roi de Majorque Jacques II qui, au début du XIVe siècle, fonde la paroisse de la Réal qui donnera son nom à l’église (royale) construite au pied de son Palais.
Le 2 janvier 1301, Jacques II vend aux consuls de Perpignan le terrain d’un ancien monastère des frères de la Pénitence afin qu’une église dédiée à sainte Marie y soit édifiée. Une chapelle primitive est alors utilisée en attendant la construction de l’édifice définitif. L’inauguration de la nouvelle église a eu lieu en 1321. Elle est constituée d’une nef unique bordée de seize chapelles et comprenant une abside polygonale.
Son successeur le roi Jacques III installe une collégiale de douze Chanoines en 1340. Un groupe de Chanoines augustins d’Espira-de-l’Agly vient agrandir la communauté en 1381, et ce qui n’est qu’un prieuré devient alors l’abbaye de la Réal.
C’est ici, sous l’abbatiat d’Adhémar de Montpalau, que l’Empereur Sigismond convoque un Concile afin de rechercher une solution au grand schisme.
« Le pape, parti le 16 juin de Porto Venere, en Ligurie, avec la cour pontificale, à bord d’une flotte de sept galères, abordait Port-Vendres le 2 juillet. Après un séjour au château de Collioure, il fit son entrée solennelle à Elne le 23 juillet et le 24 à Perpignan, où les Consuls avaient disposé des tentures depuis la porte d’Elne jusqu’au château royal. C’est là qu’il devait recevoir, le 23 août, la visite de Charles III le Noble, roi de Navarre. Il célébra la messe de la Toussaint dans la chapelle Sainte-Croix du château et ouvrit le Concile le 15 novembre. On avait tendu des draps d’or le long du chemin que suivit le cortège pontifical jusqu’à l’église de la Réal. Le pape s’avançait sous un dais, porté par Bernard de Vilacorba, lieutenant du gouverneur, Ramon de Perellos, vicomte de Roda et de Perellos, ex-capitaine général d’Avignon et les deux premiers Consuls, Joan Cornes et Joan Gravaleda ». [1]
Durant quatre mois, du 15 novembre 1408 au 26 mars 1409, pas moins de sept cardinaux, trois patriarches, onze archevêques et trente-six évêques participent, avec l’antipape Benoît XIII, au Concile de la Réal. Au terme de quatorze réunions, le Concile se termine sans que Benoît XIII ait accepté d’abdiquer au profit de Grégoire XII.
Bombardé en 1539, le clocher-tour quadrangulaire est partiellement détruit l’année suivante et reconstruit en 1545.
En 1793, l’église est désaffectée puis transformée en parc d’artillerie. Elle est rendue au culte dix ans plus tard.
Depuis 1923, les scouts de La Réal occupent les locaux de la paroisse. Ce sont eux qui ont dressé en juillet 1943 la croix en fer forgé sur le Pic du Canigou.
L’église est classée aux Monuments historiques le 20 janvier 1983.
En 2008 débute le chantier de restauration de l’église par la ville et la DRAC qui se termine en 2017. De nombreuses découvertes s’enchaînent.
Les restaurateurs effectuent des sondages sur les murs intérieurs peints d’un bleu-gris : cette peinture du XIXe siècle recouvre des peintures plus anciennes. C’est la découverte exceptionnelle d’une fresque de l’Annonciation du XIVe siècle : l’ange Gabriel invite Marie à devenir la Mère du Christ. Dans les autres chapelles latérales, des peintures murales du XVe siècle sont mises à jour.
Les participants ont aussi été invités à porter leur attention sur les nombreux retables qui embellissent les chapelles latérales, en particulier ceux de Notre Dame du Pont (XVIIIe siècle), de Notre Dame du Mont Carmel (XVIIIe siècle) et de la Vierge de la Soledad.
Ce retable est l’œuvre de François Boher (1769-1825), tout comme celui du maître autel dédié à l’Assomption de la Vierge Marie, ainsi qu’une série de tableaux : la Cène, la remise du scapulaire à Saint Simon Stock…
Parmi les autres trésors de cette fabuleuse église, figurent en bonne place la splendide cuve baptismale du XIVe siècle, un monolithe de marbre blanc dont les faces sont ornées des sculptures du baptême du Christ entouré des Apôtres, ainsi que la Mise au Tombeau du XVe siècle sous l’orgue aux personnages vêtus d’une riche polychromie.
L’église est ouverte tous les jours sauf le lundi, de 11h à 19h.
Messe en semaine à 18h30, le samedi et le dimanche à 11h.
Fresque de l’Annonciation (XIVe siècle)
Peintures murales (XVe siècle) de la chapelle Notre Dame du Pont
[1] P. Ponsich, « Sainte-Marie la Réal église paroissiale des Rois de Majorque, abbatiale de 1381 à 1780 », Etudes Roussillonnaises, Tome XVII, 199, p. 26-27.